Via ferrata dans les Dolomites : Val di Brenta

Textes libres (et cool ;-) 11 août 2020

[Texte libre rédigé le 12/08/2012 par Jyhes et mis à jour le 11/08/2020]

Si d’aventure vous n’appréciez que les mélèzes, les bons sentiers de terre et les refuges spartiates, passez votre chemin, les dolomites sont tout le contraire. Un peu comme les landes sont l’inverse de la côte d’Azur…

La Brochetta, au couchant, depuis le refuge Tuckett (5**** au Michelin ;-)

On propose ici de faire connaissance avec le massif en 5 jours, où l’on prendra le temps de prendre le temps… En effet, pareil parcours pourrait facilement se concevoir en 3 voire 2 jours… Considérons que les Dolomites sont affaire d’épicuriens, où il ne fait pas bon courir. Pour être à l’heure de la bière, il suffit de partir à point ! Or donc, les timings choisis ici sont volontairement cool.

Seul inconvénient : on arrive tôt au refuge suivant !
Multiples avantages :

  • Primo, en arrivant, on peut, avant la bière, enchaîner une section câblée, une petite boucle voire un sommet que l’on aurait négligé autrement (consulter la rubrique « en faire plus des topos).
  • Secundo, on choisit sa paillasse en toute quiétude. Le principe qui s’applique dans les refuges est souvent « premier arrivé, premier servi ». Au passage, petit clin d’œil pour un compagnon Normand, bon dernier, qui du se satisfaire d’un improbable « nid d’aigle », un troisième lit juché sur un lit déjà jumeau. Compter en gros 50 cm entre lui et le plafond. Avec un bon pas de 4+ pour accéder au relai ;-).
  • Tertio, sans dramatiser, on peut affirmer que le temps est ici clairement capricieux. On évolue toujours entre 2000 et 3000m. Il n’est pas rare de rôtir à +30° à midi et de se geler à +5° au refuge. Avec en prime du brouillard montant, des orages ponctuels mais violents et pourquoi pas un peu de neige. Classique. Les conditions évoluant le plus souvent en milieu/fin de journée, il est bon d’être au refuge tôt…

A propos de l’équipement : on a trop souvent lu que l’équipement des via des Dolo était obsolète, vétuste, voire accidentogène. Considérons qu’on pratique plutôt ici un ferraillage « raisonné ». Pas trop de câbles ou barreaux superflus. Uniquement de quoi assurer la sécu dans les passages expo, donner confiance au béotien et envisager une progression sécurisée en cas de gros temps… Le matos n’est donc pas étincelant. Il est même parfois branlant, mais il (r)assure là où il faut, et seulement quand il faut. Attention, pas de boucle de « mou » en bout de câble. En cas de chute, le blocage se fait irrémédiablement sur l’ancrage. Deux mousquetons de gros calibre sont donc bienvenus ! On est donc un peu à l’antithèse – histoire oblige - de la ligne de vie rutilante, continue et aseptisée des VF « new school » françaises. Mais tout ce qui brille n’est pas or, n’est-il pas ?

L'équipement, en théorie...
... L'équipement en pratique ;-)

A propos du « combien ça coute » : le cout de la vie est en moyenne, globalement à l’identique qu’en France. Compter 33€ la DP pour CAFiste. 10€ de plus pour les non-syndiqués (voir ci dessous l’intéressante information « traduite » en quatre langues, présente dans tous les refuges CAI).

On adore la traduction ;-)

A propos du « qu’est-ce qu’on mange » : il est important de savoir que si les menus se découpent un peu comme en France (entre, plat, dessert), le contenu est sensiblement différent ! On mange des pâtes en entrée (primo), et souvent aussi après (secondo). Le désert (dolce), lui n’en contient pas ;-) Plus sérieusement, le menu du soir se fait à la carte : entrée « solide » donc, puis viande avec accompagnement également « chargé ». Il est difficile d’être en manque de sucre lent.
De retour en vallée, inutile de vous inciter à faire plus ample connaissance avec la « dolce vita » dans les restaurants pizzeria qui renvoient dans les 22 tout ce que l’on peut connaitre dans cette gamme en France !

Flagrant délit d'abus de "Dolce Vitae"‌‌. Un groupe sirote des grappas au couchant, non loin de la cloche du refuge Alimonta...

A propos de la bière : souvent en pression (même à 2500m !), elle se décline en 20 ou 40 cl. 50 cl en bouteille. Élue boisson officielle de l’équipe, nous certifions qu’elle est conforme aux critères homologués sur MC ;-)

A propos du balisage : Tout le contraire de l’équipement ! A croire que le CAI a obtenu un très bon prix sur la peinture rouge outdoor. On en trouve partout, tous les 10 mètres, même sur une vire rectiligne ! Dans un tunnel d’1km, aucun doute que la situation serait identique ;-) Il est donc excessivement compliqué, même avec la meilleure des mauvaises volontés, de tenter de se perdre... Chaque sentier possède un nom et un numéro, largement amplifié par des pancartes (et des chiffres, régulièrement peints, logique !). Et si d’aventure quelques mètres restaient vierges de peinture, soyez assurés d’y trouver des cairns. Balisage donc envers et contre tout. C’est tout de même bon en cas de brouillard.

Balisage "light"...

A propos du « comment qu’on cause » : les italiens adorent que l’on engage la conversion dans leur langue. Normal. Mais très vite, on peut se comprendre en anglais (parlé dans tous les refuges) et ponctuellement en français. On cause aussi beaucoup avec les mains, bien sûr ! A noter : l’Italien est une langue facile dont l’alphabet est composé seulement de quelques lettres (surtout les voyelles a,o,i,u et é). Je pense que le « K » vaut 1000 point au scrabble. 3000 pour le « W ». Tous les mots se forment avec une petite dizaine de phonèmes. Enfin d’après ce que l’on peut entendre du flot ininterrompu qui sort indéfiniment de chaque bouche autochtone, quelque que soit le lieu et l’heure !

A propos des refuges : majoritairement ravitaillés par des téléphériques, ils proposent donc des prestations à faire blêmir leurs homologues français. Les repas sont à la carte (voir rubrique « qu’est-ce qu’on mange »), la bière est à la pression (voir rubrique « bière » ;-) et les douches sont souvent présentent et presque toujours chaudes… Malgré cela, on reste bien dans un concept « refuge » et non hostellerie. L’ambiance y est chaleureuse. Les bâtisses ont de l’histoire, les couvertures du vécu, les pièces à vivre de l’énergie. Réservation et reconfirmation obligatoire. English spoken. Frenzai auzi, unpetipoco…


Au passage, chaque refuge dispose d'un tampon "old school", pour immortaliser le passage sur son carnet de courses. A noter également qu'au refuge Graffer, nous avons récupéré un petit carnet compilant tous les refuges CAI avec, forcémenent, la place (entres autres !) pour le tampon !

A propos du matos : longes avec absorbeur. Gros mousquetons. Casque. Vache courte. Gants de cuir (les mieux sont ceux qui proposent une utilisation gants et mitaine, selon les conditions). Nous avions également pris une corde courte, piolet et crampons légers pour négocier au mieux des névés persistants. Ils n’ont pas été utiles cette année. A ne pas négliger tout de même…

A propos du camping : Comme le standing de Madona ressemble à celui de cham’, il n’est pas stupide de penser à s’héberger éco, d’autant que la majorité des nuits s’effectuera dans les refuges ! Attention, malgré les pubs alléchantes, aucun camping à Madona di Campiglio. Le premier est 15km plus bas (FAE), l’autre à 25 bornes (Dare’). Navettes régulières pour circuler au départ comme au retour !

A propos de la cartographie : si la qualité n’égale pas celle de notre institut national, on trouve de bonnes cartes au 1/25000. Nous avons utilisé lors de ce périple une carte éditée par « Meridiani Montagne » qui propose une vue générale du massif de la Brenta au 1/30000 et des sections détaillées au 1/15 000. Avec reprise des fameux n° de balisage…

Biblio :
L'incontournable ouvrage de Sombardier : "Les via ferrata des Dolomites" - Glénat, 2007.

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