Critique du livre Guide pour se perdre en montagne

Livres Hallucination 9 mai 2007

"Un philosophe disait que le lombric dispose d'une incroyable quantité de temps libre. Sans le savoir, il était très proche de la réalité. Un lombric ne dispose pas de temps libre, il est le temps libre. [...] il se mange des montagnes et des nappes phréatiques, dans le seul but de faire partie du métabolisme de la terre." Oui, au début, ça bouscule un peu comme littérature. Et oui encore, comme à chaque fois lorsqu'il s'agit de déranger nos habitudes de lecteur, ce sont les éditions Guérin qui s'y collent à nouveau !

Chronique commise par jyhes le 09-05-2007

Couverture du livre4eme de couverture du livre

Auteur : Paolo Morelli

Editeur : Guérin

Catégorie : Hallucination

Edition 2006 - 200 pages - 14 €

Accumulations d'improbables pensées, vitriolisées parfois, décalées souvent, diablement bien léchées toujours. La plume est inspirée, pour un regard inattendu sur notre thématique de prédilection. Les pages filent, les antidéfinitions s'enchainent, s'entremêlent, se contremêlent et embrouillent nos représentations (la traduction, respectant l'ordre alphabétique italien joue aussi à nous perdre ;-) C'est assurément bien écrit, comme une accumulation de poupées russes, ou chacun viendra piocher le sens au degré où il le souhaite, où il est prêt à l'entendre être dit... Morelli est un grand joueur, des mots et de l’esprit !

Allez, encore quelques unes pour le plaisir :
Clous : [...] En rocher, il y eu une époque où non seulement on plantait les clous, mais on les retirait. Aujourd'hui, les parois ressemblent aux chefs-d’œuvre de l'art contemporain qui, comme tous les chefs-d’œuvre, tuent l'art.
Altimètre : dépend de trop de paramètres, en priorité de la versatile pression atmosphérique, pour être jamais précis. Peut donc se révéler utile pour perdre du temps lorsque vous confrontez ses mesures avec les cartes, ou pour enflammer les discussions avec vos compagnons.
Et une de nos préférées :
Bouquetins : capricieux, miniaturisés, un peu fous et un peu idiots, ce sont les ennemis jurés des yaks, qui les jalousent jusqu’à la crise de nerf. En réalité, ils énervent un peu tout le monde, et ne font rien pour l’éviter. Il paraît que Newton, lors d’une balade en montagne, en trouva un debout collé au plafond d’une grotte, et le  dégomma à coups de pierres. Ils semblent faire exprès, lorsque tu te démènes, engagé depuis des heures dans une paroi, de te dépasser en pétant. Malgré leur régime végétarien, l’odeur est ignoble, surtout elle veut faire sentir la tentative foireuse.  Comment est-il possible à un régime végétarien de produire une telle odeur, voilà une question à poser aux santégristes, lesquels répondront peut-être que ce sont les épines qui rendent l’odeur aussi piquante. […]

Ouch !

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